Publié le 6 juin 2023 par Nicolas.

De belles têtes d’artichauts à peine formées envahies de pucerons noirs et collantes de miellat. Sans oublier le cortège de fourmis qui les protègent des prédateurs !

Si vous cultivez des artichauts dans votre jardin, vous avez été forcément confronté à ce problème relativement courant. Mes solutions pour essayer de vous débarrasser de ces parasites indélicats sur les artichauts…et les autres plantes potagères ou ornementales.

Comprendre les pucerons noirs sur les artichauts

D’année en année, entre mai et juin, les pucerons refont leur apparition, comme venus de nulle part ! Il existe environ 800 espèces de pucerons qui se différencient par la taille et la couleur.

Artichauts infestés de pucerons noirs
Artichauts infestés de pucerons noirs

Sur les artichauts, ils sont en général noirs et se nomment Brachycaudus cardui (même si les Aphis fabae, les pucerons noirs de la fève, se plaisent aussi sur les artichauts…).


Le cycle de vie des pucerons

Le cycle biologique des pucerons est particulier : ils hivernent sous la forme d’oeufs à proximité de leurs plantes hôtes.

Colonie de pucerons
Colonie de pucerons noirs © flickr Dean Morley

Des oeufs naissent des femelles fondatrices qui se reproduisent par parthénogenèse, c’est-à-dire sans fécondation. Très vite, les colonies grossissent, d’autant que leur cycle de développement est très court.

Entre les états larvaire et adulte, seulement 8 jours s’écoulent à 20 °C !

Ainsi, du printemps à l’automne, chez certaines espèces, on peut compter 13 à 16 générations différentes ! C’est justement à l’automne que naissent des mâles et des femelles qui s’accouplent pour donner des oeufs. Le cycle s’achève pour mieux renaître dès le printemps.

L’usage d’engrais trop azotés aurait tendance à favoriser la venue de pucerons.


Impact des pucerons noirs sur les artichauts

Artichauts et pucerons
Artichauts et pucerons
Les pucerons sont des insectes piqueurs et suceurs de sève.

Sur les artichauts, ils s’attaquent aux feuilles caulinaires, aux tiges et à la base des capitules.

Ces attaques se caractérisent par un enroulement des feuilles très marqué qui finissent par se recroqueviller totalement. La croissance est inhibée.

De même, les différentes parties des artichauts sont collantes de miellat, les excrétions riches en sucre des pucerons. Un miellat qui attire les fourmis.

Ce miellat peut entraîner l’apparition de la fumagine, une malade cryptogamique.


Méthodes naturelles pour éliminer les pucerons noirs

Une attaque de pucerons peut être tolérable sur certaines plantes potagères.

Sur les artichauts, ces pucerons sont plus gênants car ils s’engouffrent dans la tête.

Et les rendent peu appétissantes. Leur développement peut être compromis. Il existe quelques solutions naturelles pour s’en débarrasser.


Le contrôle manuel et physique

Plants d'artichaut
Plants d’artichaut.
On peut simplement se munir d’une paire de gants et enlever les pucerons avec les doigts.

Il est également possible d’arroser les plants d’artichaut avec un jet d’eau puissant.

Ces opérations devront être renouvelées plusieurs fois pour éradiquer les colonies.


Les solutions naturelles

Il est parfois recommandé d’utiliser de l’eau savonneuse contre les pucerons.

Certes, cette solution est efficace sur les plantes d’intérieur, mais, dans le potager, elle élimine aussi les insectes auxiliaires qui peuvent s’avérer utiles dans la lutte biologique contre les pucerons. Donc oubliez cette solution !

D’autres remèdes plus naturels sont à tester :

  • La décoction de feuilles de rhubarbe : mettre 500 g de feuilles dans 5 litres d’eau. Faire bouillir pendant 30 minutes. Laisser refroidir pendant 24 heures et pulvériser
  • L’infusion de tanaisie : mettre 300 g de feuilles dans un litre d’eau bouillante. Laisser infuser pendant 24 h et pulvériser diluée à 10 %
  • L’infusion d’absinthe : mettre une grosse poignée de fleurs et de feuilles dans 1 litre d’eau bouillante. Laisser infuser 24 h

La plantation de plantes attractives pour les pucerons

Il existe des plantes en quelque sorte sacrifiées ou martyres qui auront pour objectif d’attirer et de concentrer les pucerons.

Vous pouvez ainsi planter à proximité des artichauts des capucines, quelques pieds de fèves (également utiles pour enrichir le sol en azote), de la fausse valériane (Centhratus ruber) ou des chardons bleus (Eryngium).


Prévention des infestations de pucerons noirs

Pour éviter de mettre en branle toutes ces solutions, mieux vaut encore privilégier la prévention.


De bonnes conditions de culture

Artichaut au potager
Artichaut au potager
Un artichaut bénéficiant de bonnes conditions de culture sera plus résistant aux attaques de pucerons.

Il faut donc bien choisir le lieu d’implantation et bien travailler le sol qui doit être fertile.

L’artichaut se cultive dans un sol frais et léger, sans excès d’eau en hiver.

Comme il redoute les hivers rigoureux, il faut butter les pieds dès l’arrivée des premiers froids et pailler le sol copieusement.

Il lui faut en outre un emplacement ensoleillé.


Planter des plantes répulsives

Certains végétaux sont connus pour éloigner les pucerons. Sans être efficaces à 100 %, ces plantes permettent tout de même de les tenir à distance, tout en apportant une touche esthétique au jardin : l’, le souci, la lavande, la rue officinale, la tulbaghia violacea…

Les oeillets d'Inde repoussent les pucerons
Les oeillets d’Inde repoussent les pucerons © flickr Lapichon

Encourager la présence des prédateurs naturels des pucerons

Pour éviter d’avoir recours aux pesticides, naturels mais onéreux, l’idéal est de favoriser la présence des insectes prédateurs des pucerons. Outre la très populaire coccinelle (et ses larves), les syrphes et les chrysopes mettent aussi à leur menu les pucerons.

Les coccinelles raffolent des pucerons noirs
Les coccinelles raffolent des pucerons noirs © flickr stanze

Tout comme les perce-oreille et l’aphidius, une espèce de mouche noire qui pond ses oeufs dans le corps des pucerons pour les parasiter et les momifier.

Et pour favoriser la présence de ces insectes auxiliaires dans son jardin, il faut créer un environnement favorable à leur développement.

Quelques gestes simples pour être mis en oeuvre :

  • Laisser quelques orties où les coccinelles aiment pondre leurs oeufs
  • Semer des graines de plantes qui les attirent par leur floraison riche en pollen et en nectar, surtout en sortie d’hibernation : la tanaisie, le lamier blanc, la bourrache, les cosmos, la centaurée, le fenouil…
  • Décaler la tonte de la pelouse ou laisser une bande non tondue pour laisser pousser quelques fleurs mellifères comme les pâquerettes, le pissenlit, les boutons d’or…
  • Installer un hôtel à insectes, un abri à pince-oreille et à coccinelles
  • Créer un jardin favorable aux oiseaux en installant des mangeoires et des nichoirs qui se nourrissent aussi de pucerons
  • Laisser quelques branches ou quelques pierres au sol, un tas de feuilles mortes…dans un coin du jardin
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