Publié le 27 décembre 2023 par .
La cameline est cultivée depuis près de 4000 ans. Tombée en désuétude durant le siècle dernier, elle fait à nouveau parler d’elle en raison de l’huile produite par sa graine qui pourrait être utilisée comme biocarburant par les avions. Zoom sur la cameline, cette nouvelle source potentielle de carburant pour l’aviation.
Qu’est-ce que la cameline ?
Originaire d’Europe du Nord et d’Asie centrale, la cameline, Camelina sativa, est une plante annuelle de la famille des Brassicacées. Celle que l’on surnomme le lin bâtard et le sésame d’Allemagne produit une tige dressée haute de 40 cm à 1,20 m.
Des tiges autrefois destinées à servir de fourrage pour le bétail, mais aussi à fabriquer des toitures et des balais. Dotée d’une racine pivotante, la base de la tige forme une rosette qui tapisse le sol.
On reconnaît notamment la cameline à ses feuilles lancéolées et oblongues plus ou moins dentées, ainsi qu’à ses fleurs jaune verdâtre installées en grappes au sommet de la tige.
Cette floraison mellifère (qui attire de nombreux pollinisateurs) survient entre les mois de mai et de juillet. Les fleurs laissent ensuite place à une fructification sous forme de siliques contenant chacune une vingtaine de petites graines brunes.
Et justement, c’est cette graine qui vient aujourd’hui bouleverser le monde des biocarburants. En effet, la graine de cameline offre une très forte teneur en huile (jusqu’à 40 %).
Une huile riche en antioxydants et en vitamine E depuis longtemps utilisée dans l’alimentaire, mais également en cosmétologie.
La cameline comme source de carburant dans l’aviation
Une fois filtrée et « hydrotraitée » en raffinerie, l’huile de cameline peut être mélangée avec le kérosène des avions. Elle est ainsi aujourd’hui envisagée pour produire un carburant d’aviation durable (CAD), capable de réduire de 80 % les émissions de CO2 rejetées par les moteurs d’avion.
Biomasse de premier plan pour produire de l’énergie, la cameline :
- pousse en seulement 90 à 100 jours ;
- peut être intégrée entre deux cultures traditionnelles ;
- nécessite peu d’intrants agricoles (énergie, engrais, matériel) ;
- demande peu d’eau ;
- et améliore le stockage du carbone dans le sol.
De fait, la cameline s’impose aujourd’hui comme une solution pour respecter la feuille de route sur les carburants d’aviation durables dont s’est dotée la France en 2020 (avec en ligne de mire l’ambition européenne d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050).
La feuille de route française prévoit ainsi la mise en place d’une obligation d’incorporation de CAD :
- à 2 % à partir de 2025 ;
- à 6 % en 2030 ;
- et à 70 % en 2050.
Afin d’atteindre ces objectifs, de premières expérimentations sont aujourd’hui en cours, notamment menées sous l’égide du groupe agroalimentaire Avril.
Où pousse la cameline en France ?
La cameline a longtemps été cultivée en France jusqu’au début du xxe siècle notamment dans le Nord. L’huile siccative (qui accélère le séchage) extraite de la plante servait à la fabrication de peinture et de savons.
La cameline est connue pour sa capacité à s’adapter à divers types de sols et de climats, mais elle préfère généralement les sols bien drainés. Elle est souvent cultivée comme culture d’hiver ou de printemps, et sa résistance au froid lui permet de prospérer dans des conditions variées.
La cameline est également cultivée dans d’autres pays européens, notamment en Allemagne, en Pologne et au Royaume-Uni, ainsi que dans des régions d’Amérique du Nord. En plus de son utilisation historique comme plante oléagineuse, la cameline suscite un intérêt croissant en raison de ses qualités nutritionnelles et de sa polyvalence dans l’alimentation humaine et animale.