Connue par tous les jardiniers pour son action préventive fongicide sur nombre de maladies cryptogamiques telles que l’oïdium, le chancre, le mildiou…, la bouillie bordelaise se distingue par sa couleur bleue caractéristique, due au mélange de sulfate de cuivre et de chaux.
Tolérée en agriculture biologique (AB), elle peut donc être utilisée dans le jardin potager. Pour autant, son utilisation doit être soumise à des précautions et son dosage respecté à la lettre. On vous explique tout sur ce fongicide né un peu par hasard dans les vignes du Bordelais (d’où son nom !) à la fin du XIXe siècle.
C’est quoi exactement la bouillie bordelaise ?
La bouillie bordelaise est un mélange de chaux éteinte et d’une solution de sulfate de cuivre hydraté. Le mélange des deux a pour effet de neutraliser leurs effets respectifs. Les commerces dédiés et les jardineries proposent de la bouillie bordelaise sous la forme d’une poudre mouillable avec de l’eau, de granulés solubles ou d’une solution liquide, toujours de couleur bleue, qui contient environ 20 % de cuivre.
Certains jardiniers, un brin alchimistes, peuvent se lancer dans la préparation artisanale de leur bouillie bordelaise en diluant 200 g de sulfate de cuivre dans 4 litres d’eau dans un premier seau et 300 g de chaux éteinte dans 6 litres d’eau dans un deuxième seau. Ensuite, il suffit de mélanger les contenus des deux seaux.
De l’importance du bon dosage
Parce qu’elle permet de lutter contre les maladies cryptogamiques, la bouillie bordelaise s’utilise en pulvérisation. Concrètement, les ions du cuivre agissent sur les enzymes des spores des champignons avec un effet essentiellement préventif.
Pour pouvoir pulvériser ce mélange, il est nécessaire de diluer la bouillie bordelaise dans de l’eau à raison de 10 à 20 g par litre d’eau. Ni plus ni moins.
Afin de faciliter la pulvérisation et d’avoir une meilleure adhérence du produit sur le feuillage, on peut ajouter un produit mouillant tel que le savon noir ou un produit à base de résine de pin.
En tant que produit phytopharmaceutique, la bouillie bordelaise doit être dosée, maniée et pulvérisée avec quelques précautions. Ainsi, le port de gants, de lunettes, de bottes et d’un vêtement couvrant est vivement recommandé.
A quoi ça sert la bouillie bordelaise ?
Pour faire simple, on pourrait dire que la bouillie bordelaise sert à lutter préventivement contre toute maladie cryptogamique, c’est-à-dire provoquée par un champignon. Et au jardin potager, elles sont nombreuses et variées ces fameuses maladies cryptogamiques ! A commencer par le mildiou, reconnaissable aux taches brunes qui parsèment le feuillage et au feutrage blanc à l’envers des feuilles (le mycélium!).
La bouillie bordelaise a également des effets fongicides contre l’oïdium, la moniliose, les chancres, la cloque du pêcher et des fruits, la tavelure, la gommose, le coryneum…
La bouillie bordelaise peut également avoir un effet bactéricide sur les plaies de coupe, contre certaines bactérioses comme le chancre bactérien
Ce traitement fongicide s’utilise donc sur la vigne, les rosiers et les arbres fruitiers mais aussi au jardin potager, sur les plantes souvent sujettes à l’apparition de ces champignons. Ainsi, la bouillie bordelaise peut être efficace en traitement préventif contre le mildiou des plants de tomate, de la pomme de terre, des fraisiers…
Elle est en revanche totalement inefficace pour éliminer les parasites et insectes ravageurs comme les pucerons ou lutter contre les maladies fongiques.
Quand la pulvériser pour optimiser son effet préventif ?
Suivant la période de l’année, les conditions climatiques mais aussi les plantes visées, les pulvérisations seront différentes.
D’une façon générale, il faut éviter :
- Une température trop élevée au risque de brûler le feuillage et les bourgeons
- Un temps pluvieux car la pluie lessive la bouillie bordelaise qui glisse sur les plants
- Une météo ventée pour mieux atteindre le légume ou le fruit visé.
Au jardin potager, on utilise la bouillie bordelaise plutôt au printemps, en avril ou mai. A cette période, il commence à faire chaud et le temps reste humide, deux conditions qui facilitent le développement des maladies cryptogamiques.
On peut faire trois pulvérisations espacées de 15 jours à 3 semaines. Et on stoppe tout application de bouillie bordelaise 4 semaines avant la récolte des fruits ou légumes.
Dans la vigne et le verger, une pulvérisation à l’automne, au moment de la chute des feuilles, peut être utile sur les ceps et les arbres fruitiers pour éviter que les champignons s’installent durablement. A renouveler au printemps, avant le débourrement des bourgeons.
Attention, produit toxique pour les écosystèmes!
Bien que tolérée (et non admise ou autorisée!) en agriculture biologique, la bouillie bordelaise est à utiliser avec modération et dans le respect des doses. En gros, on n’en pulvérise pas à tout va, n’importe où, n’importe quand. Elle reste un traitement préventif qui n’aura aucun effet si les plantes sont trop atteintes.
Alors pourquoi faut-il se méfier de cette bouillie à base de cuivre ? Tout simplement parce qu’elle est toxique pour les sols et les rivières. Certes, moins toxique qu’un quelconque produit phytosanitaire mais toxique quand même. Car le cuivre n’est pas biodégradable et s’accumule dans le sol ou dans les rivières à cause du ruissellement. Et il a des effets néfastes sur les « bons » champignons microscopiques, sur la faune et le flore. Vers de terre, oiseaux, abeilles, poissons et tous les acteurs de la biodiversité sont impactés, tout comme peut l’être le jardinier.
On peut aisément remplacer la bouillie bordelaise par une décoction de prêle, du purin d’ortie, ou encore par un mélange de bicarbonate de soude et de savon noir.
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Effectivement l’an passé j’ai pulvérisé préventivement mes vignes au pied desquelles j’avais mis une culture de Strophaire. Elle n’as pas donné un seul champignons hélas.Maintenant j’utilise du bicarbonate de soude. Il augmente certes la basicité du sol ( mes champignons préfèrent les sols acides) mais l’effet ne s’accumule pas dans le temps. Merci pour cet article et la prévention de l’utilisation du cuivre par rapport à sa toxicité écosystémique!