Facile à cultiver, l’estragon ou « herbe à dragon », fait partie des plantes aromatiques appréciées au potager comme sur les balcons. Les cuisiniers l’utilisent pour agrémenter de nombreux plats en sauce ainsi que des crudités. Il est important néanmoins de distinguer l’estragon français, qui ne produit que des graines stériles, de l’estragon de Russie qui se sème. Le premier a une saveur plus agréable et prononcée que le deuxième qui présente, quant à lui, un meilleur rendement et une meilleure résistance au froid.
Fiche plantation |
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Famille | Astéracées |
Cycle | Vivace semi-persistante |
Semis | Fin d’hiver sous abri, au printemps en pleine terre |
Hauteur | 40 à 150 cm |
Récolte | Avril à août |
Floraison | Fleurs stériles, ne se ressème pas. |
Exposition | Ensoleillée |
Sol | Riche en humus, frais et surtout bien drainé |
Entre les plants | 40 cm |
Entre les lignes | 20 cm |
Origines et variétés
Le terme « estragon » serait apparu au milieu du XVIe siècle et proviendrait du grac drakon, qui signifie « dragon » ou « serpent ».
La raison à cela est que les feuilles fines et pointues de la plante ont la forme de la langue de la créature légendaire.
Par ailleurs, les Grecs et les Romains utilisaient la plante pour soigner les morsures de serpent et les maux de dents, tandis que les Arabes l’employaient pour traiter le choléra et la peste.
Originaire d’Asie centrale, l’estragon s’est répandu en Europe au XVe siècle en tant que plante médicinale et aromatique.
Il n’existe qu’une seule espèce cultivée. On retrouve principalement :
- Artemisia dracunculus. L’estragon « français » présente un parfum anisé, épicé et poivré très apprécié en cuisine. Néanmoins, sa culture est délicate et sa saveur très volatile à la cuisson comme au séchage. Seule la division des racines permet de le multiplier.
- Artemisia dracunculus dracunculoides. L’estragon de Russie possède un arôme moins puissant et savoureux. Sa culture est plus facile que celle de l’estragon « français » et le semis réalisable.
Nutrition et bienfaits
L’estragon renferme de nombreuses vertus antispasmodiques, antiseptiques et digestives. Il permet de calmer les douleurs d’estomac et de favoriser les échanges cellulaires dans l’ensemble de l’organisme.
Le consommer en infusion stimule l’appétit et la formation des sucs digestifs. Il est aussi efficace contre le rhume des foins.
En effet, son huile essentielle réduit la libération d’histamine, une molécule impliquée dans l’apparition des symptômes allergiques.
Pure ou diluée dans de l’huile végétale, l’huile essentielle d’estragon soulage aussi les crampes menstruelles. Elle peut être prise par voie cutanée, en massages ou par voie orale, dans une infusion ou une cuillère d’huile d’olive, par exemple.
Très peu calorique, l’estragon s’emploie dans le traitement du diabète, car il en atténue les symptômes (perte d’appétit, sensation de soif, nausées, etc.). Les benzodiazépines qu’il contient en font un véritable antistress idéal pour lutter contre les insomnies.
Côté nutrition, l’estragon n’est pas en reste puisqu’il possède un pouvoir antioxydant non négligeable. Il est également une bonne source de fer, de manganèse et de vitamine K.
Semis et plantation de l’estragon
Rappelons que l’estragon français ne produit que des graines stériles. Les méthodes de semis dont il est question ici concernent l’estragon de Russie, Artemisia dracunculus dracunculoides.
Semis sous abri (à une température comprise entre 18 et 20 °C)
- Prenez des petits godets ou des plaques alvéolées.
- Utilisez un mélange ¾ terreau – ¼ sable afin d’ameublir le substrat.
- Creusez un trou de 1 cm de profondeur dans chaque contenant.
- Semez vos graines et recouvrez-les d’un peu de terreau.
- Arrosez en pluie fine et maintenez humide jusqu’à la levée.
La levée met environ 2 semaines et les plantules seront prêtes à être repiquées 6 à 8 semaines après les semis. Attendez néanmoins que les Saints de glace soient passés. Le semis en place est réalisable au printemps et en été.
Plantation en pot ou en pleine terre (avril – mai)
- Brisez les mottes pour rendre votre terre aérée et plate.
- Mélangez 30 % de terreau à votre terre ou 50 % à votre pot.
- Si le substrat semble lourd, ajoutez-y du sable. Un pot de 25 cm environ ainsi que des billes d’argile disposées au fond assureront une bonne croissance à votre plante. L’estragon tolère mal les eaux stagnantes, votre sol doit donc être bien drainé.
- Placez vos plants d’estragon et remplissez les trous du reste de terreau.
- Tassez et arrosez.
Multiplication de l’estragon
Il existe trois méthodes de multiplication de l’estragon :
Division des touffes (au printemps)
- Déterrez votre pied d’estragon tout en conservant la terre autour de ses racines.
- Divisez les touffes avec une bêche en veillant à ne pas abîmer les racines.
- Repiquez ces nouveaux plants en les écartant d’environ 50 cm.
Afin de régénérer votre pied d’estragon, il est recommandé de répéter l’opération tous les 3 ans. Autrement, les feuilles perdront de leur saveur.
Marcottage (au printemps)
- Sélectionnez des tiges vigoureuses d’à peu près 15 cm et couchez-les horizontalement.
- Creusez des trous de 3 à 5 cm de profondeur.
- Maintenez chaque tige au fond d’un trou toujours dans le sens de la longueur.
- Rebouchez les trous en laissant les extrémités des rameaux dépasser.
- Arrosez copieusement.
- À l’automne, séparez les tiges de la plante-mère et transplantez-les à leur emplacement définitif. Tuteurs et paillage seront nécessaires pour protéger les marcottes relativement fragiles.
Bouturage (en été)
- Choisissez un plant vigoureux.
- Sectionnez des tiges herbacées ou ligneuses de 10 à 15 cm.
- Placez-les dans un pot rempli de terreau spécial plantation.
- Laissez-les ensuite à l’air libre ou recouvrez-les d’un matériau hermétique
transparent (cloche, bouteille, sac plastique…) pour un bouturage à l’étouffée. - Vos plants sont prêts à être repiqués dès que de nouvelles pousses apparaissent.
Entretien et récolte
Robuste, l’estragon nécessite peu d’entretien. Les conseils suivants suffiront à préserver la santé de vos plants :
- Arrosez modérément, juste assez pour maintenir la terre humide.
- Retirez les fleurs dès leur apparition pour favoriser la croissance des feuilles.
- Pincez les plants pour les inciter à se ramifier.
La plante aromatique se récolte d’avril à août. Son goût est plus prononcé lorsqu’elle est consommée fraîche. Prélevez des tiges au fur et à mesure de vos besoins en privilégiant les feuilles anciennes.
Il est également possible de faire sécher le feuillage de l’estragon. En le passant au moulin, vous obtiendrez une poudre utilisable pour relever vos plats d’une touche anisée et poivrée.
Lisez notre article : Top 5 des plantes à sécher au potager
Les feuilles entières ou broyées se conservent bien en bocaux hermétiques, rangés au sec et à l’abri de la lumière. Elles s’emploient aussi comme aromates dans des bocaux d’huile ou de vinaigre, en fonction de vos goûts.
Comme pour congeler de la menthe, il est possible de congeler les feuilles entières ou de les ciseler pour les placer dans des bacs à glaçons.
Maladies de l’estragon
L’estragon est sensible à certaines maladies et nuisibles :
- L’oïdium : cette maladie s’identifie facilement à cause de la présence d’un feutrage blanc et poudreux qui s’installe sur les tiges, les feuilles et les boutons floraux. Elle entraîne le flétrissement et la déformation des feuilles. Pour éviter cela, pulvérisez du soufre au printemps et coupez les parties malades.
- La rouille : cette maladie se reconnaît à cause des cloques beiges, orangées ou brunes qu’elle génère en dessous des feuilles. Ces dernières finissent par en mourir. Il est recommandé d’éviter l’arrosage sur les feuilles et de brûler celles qui sont contaminées. Vous limiterez ainsi le risque de propagation de la maladie.
- Les pucerons : ces insectes « piqueurs-suceurs » se nourrissent de la sève des végétaux. Ils excrètent du miellat, ce qui rend la plante collante. Les feuilles se recroquevillent et s’enroulent ensuite sur elles-mêmes jusqu’à parfois en mourir. Pour s’en débarrasser, le plus simple est de les retirer à la main ou de passer un jet d’eau. Les coccinelles se révèlent aussi être de bons auxiliaires de culture, car ce sont les prédateurs naturels des pucerons.
Est-ce que l’estragon craint le gel ?
Très robuste, l’estragon de Russie supporte des températures jusqu’à — 13 °C alors que l’estragon français plutôt mi-rustique résiste bien à un gel léger, mais ne tolère pas les grands froids.
Suivez ces recommandations pour protéger vos plants :
Estragon en pleine terre
Les feuilles de l’estragon sont caduques, cela signifie qu’elles tombent en hiver. Le pied peut aussi disparaître complètement, mais en principe, il repart de la souche au printemps suivant.
Si l’hiver est trop rude, il risque cependant de ne pas survivre. Pour optimiser ses chances, coupez les tiges puis recouvrez les souches d’une couche épaisse de feuilles sèches.
Estragon en pot
Cultivé en pot et hiverné sous abri, l’estragon peut être récolté toute l’année. Le volume de terre étant toutefois restreint, le système racinaire s’avère être plus sensible au froid.
En cas de gel prolongé, il est recommandé de recouvrir votre pot d’un voile d’hivernage ou de le rentrer à l’intérieur. Pensez également à retirer les soucoupes pour éviter la prise au gel.