Publié le 3 janvier 2024 par .
Carpobrotus edulis et Carpobrotus acinifolia. Peut-être avez-vous déjà croisé ces espèces de plantes lors d’un séjour sur le littoral français, méditerranéen ou atlantique ? En effet, ces deux noms désignent des variétés de griffe de sorcière, des vivaces exotiques invasives.
C’est quoi exactement la griffe de sorcière ?
Carpobrotus edulis et Carpobrotus acinifolia sont des plantes vivaces, succulentes et herbacées de la famille des Aizoacées, communément appelées griffes de sorcière, ou encore doigts de sorcière, ficoïdes comestibles ou figues marines.
Dotée d’un feuillage charnu, épais et de section triangulaire, la griffe de sorcière fleurit abondamment en capitules aux nombreux pétales linéaires, jaunes ou rose pourpre suivant la variété, terminales et solitaires.
Outre ce feuillage et cette floraison, la griffe de sorcière se caractérise surtout par ses tiges rampantes à la croissance très rapide.
Elle forme d’ailleurs un excellent couvre-sol qui constitue de jolis tapis colorés sur des talus ou des rocailles. Plantée en haut d’un muret, la griffe de sorcière cascade de manière très esthétique.
Les fleurs donnent également naissance à des fruits qui produisent de 1000 à 1800 graines chacun.
Originaire d’Afrique du Sud, cette plante exotique est gélive. Elle gèle dès que les températures atteignent – 1 à – 2 °C. C’est pourquoi on la rencontre essentiellement sur les littoraux, de la Méditerranée à la côte atlantique, en passant par la Bretagne et la Normandie.
Les dangers liés à l’expansion de cette vivace
Cultivée en pot ou dans un jardin, cette griffe de sorcière ne présente pas de danger particulier. À part sa propension à s’étaler.
En revanche, elle est considérée comme invasive dans la nature, et en particulier en bordure de littoral.
En effet, la griffe de sorcière bénéficie d’une croissance très rapide, de l’ordre de plus d’un mètre par an. En 10 ans, un seul pied peut coloniser 20 m². De plus, des fragments de tiges, transportés par l’eau ou les oiseaux comme les goélands, sont capables de s’enraciner n’importe où, dans tous les types de sols.
Sans oublier les très nombreuses graines qui se dispersent très facilement par le vent ou disséminées par les animaux ou les oiseaux.
Si on ajoute à ces capacités d’expansion la grande résistance à la sécheresse, au vent et aux embruns salés des griffes de sorcière, on comprend aisément le danger potentiel qu’elles représentent.
D’autant que leur système racinaire biocide concurrence directement d’autres plantes endémiques et indigènes comme la silène, l’armérie maritime ou la carotte sauvage. Cette colonisation des rochers, dunes et falaises côtières a donc un impact non négligeable sur la flore locale, mais aussi la faune et en particulier les insectes, et par là même sur la biodiversité.
Comment s’en débarrasser efficacement ?
Afin de limiter les risques de propagation, il est recommandé de ne pas planter cette succulente dans les jardins littoraux. Il faut également s’abstenir de jeter des fragments de tiges au compost.
Au-delà de cette simple précaution, les collectivités territoriales organisent de vastes campagnes d’arrachage manuel, strictement encadrées.
De plus, chaque opération d’arrachage, juste avant la floraison, est accompagnée d’un repérage, d’un suivi sur trois à six ans et d’un contrôle localisé. Un arrachage non contrôlé et sauvage pourrait entraîner l’érosion des sols, souvent en pente, où la griffe de sorcière est implantée.